La Réhabilitation Respiratoire, Pourquoi ? Auteur : A. Taytard
La Réhabilitation Respiratoire, Pourquoi ?
Sommaire
- Facteurs contribuant à la limitation de l'exercice chez les malades respiratoires chroniques
- Objectifs de la réhabilitation
- Tests d'exercice
- Avantages démontrés de la réhabilitation respiratoire dans les BPCO
- Comment conserver le résultat obtenu avec la réhabilitation respiratoire ?
- Au total, recommandations
La fonction respiratoire n'est pas le seul paramètre de la sévérité et du pronostic des maladies respiratoires.
Il faut aussi prendre en compte
la capacité d'exercice,
la capacité à participer aux activités quotidiennes, éléments essentiels de la qualité de vie liée à la maladie.
L'intolérance à l'exercice est l'un des principaux facteurs limitant la participation aux activités quotidiennes des malades respiratoires chroniques.
Facteurs contribuant à la limitation de l'exercice chez les malades respiratoires chroniques
limites ventilatoires : augmentation de l'espace mort, anomalies des échanges gazeux, augmentation des besoins ventilatoires du fait du déconditionnement et du trouble fonctionnel des muscles périphériques ; chez l'emphysémateux, en particulier, allongement du temps de vidange des poumons pendant l'expiration dû à l'obstruction bronchique et aggravé pendant l'exercice avec hyperinflation, augmentation du travail respiratoire, augmentation de la charge sur les muscles respiratoires et augmentation de la perception de l'inconfort respiratoire.
L'entraînement diminue l'exigence ventilatoire, ralentit l'expiration et réduit l'hyperventilation dynamique.
anomalies des échanges gazeux.
anomalies du fonctionnement cardiaque : augmentation de la post-charge du ventricule droit du fait de l'augmentation des résistances pulmonaires, de la vasoconstriction hypoxique et de la polyglobulie. En cas d'hypertrophie ventriculaire droite on peut observer des troubles du rythme et un retentissement sur le cœur gauche.
troubles fonctionnels des muscles
squelettiques : amaigrissement, déconditionnement, inflammation systémique, stress oxydatif, anomalies des échanges gazeux, corticothérapie ; particulièrement handicapant pour les muscles des membres inférieurs directement liés à la capacité de déambulation.
respiratoires : conduisant à l'hypercapnie, la dyspnée, la désaturation nocturne et la baisse de la capacité d'exercice.
Caractéristiques d'une bonne réhabilitation
multidisciplinaire : intégrant plusieurs disciplines médicales dans un programme global.
individualisée : évaluation, attention et programme adaptés à chacun avec des objectifs réalistes.
attentive au physique comme au psychologique et au social.
Objectifs de la réhabilitation
réduire les symptômes (moins de dyspnée à charge égale).
améliorer l'activité quotidienne (mais il n'est pas certain que cela se traduise dans la vie de tous les jours).
restaurer le plus haut niveau possible d'autonomie du patient et ses interactions sociales.
| Test de marche de 3, 6 ou 12 minutes avec mesure de la distance parcourue. |
| Test d'exercice sur bicyclette ergométrique |
Test d'exercice sur tapis roulant | |
| Il est recommandé de réaliser, avant la mise en œuvre d'un programme de réhabilitation, une épreuve d'effort maximale à charge croissante (A). |
Avantages démontrés de la réhabilitation respiratoire dans les BPCO | Preuve | |
Améliore la capacité d'exercice à fréquence respiratoire et cardiaque égale | A | |
Réduit l'intensité de l'essoufflement perçu | A | |
Améliore la qualité de vie liée à la santé | A | |
Réduit le nombre d'hospitalisations et les durées de séjour | A | |
Réduit l'anxiété et la dépression liée à la BPCO | A | |
L'entraînement en force et endurance des membres supérieurs améliore leur fonction | A | |
Les bénéfices se poursuivent au-delà de la période d'entraînement | A | |
Améliore la survie | A | |
L'entraînement des muscles respiratoires est bénéfique, surtout quand il est combiné à un entraînement général | B | |
Une intervention psycho-sociale est utile | B | |
La réhabilitation respiratoire doit être indiquée et réalisée par un spécialiste. | ||
Contenu de la réhabilitation respiratoire | ||
Les programmes de réhabilitation s'adressent à des malades motivés ; ils sont très variables mais incluent | ||
| un entraînement à l’exercice (recommandations) : | |
| une prise en compte de la nutrition (Steiner, 2003) | |
| une éducation (Scherer, 1998), incluant les techniques de drainage bronchique si nécessaire, visant une modification des comportements | |
| un soutien psychologique (prise en compte de l'anxiété et de la dépression) et social (accompagnement) (Devine, 1996) mais le réentraînement a, par lui-même, une action sur les paramètres psycho-sociaux (Guell, 2006) | |
Durée de la réhabilitation respiratoire | ||
| la durée optimale d'un protocole de réhabilitation n'est pas connue (entre 4 semaines et 6 mois) (Finnerty, 2001 ; Sewell, 2006) | |
Comment conserver le résultat obtenu avec la réhabilitation respiratoire ? | ||
le bénéfice obtenu est, le plus souvent, perdu en quelques semaines | ||
l'observance des programmes d'entretien à domicile est généralement faible | ||
les programmes de suivi post-réhabilitation semblent peu efficaces (Brooks, 2002 ; Ries, 2003) | ||
la répétition de programmes courts peut favoriser la préservation du résultat | ||
Au total, recommandations |
Place de la réhabilitation dans la prise en charge thérapeutique du BPCO en état stable
Le réentraînement à l'exercice doit être conseillé aux patients dyspnéïques, avec une limitation d'activité dont la BPCO est modérément sévère ou sévère.
Mais elle n'est efficace, dans le long terme, que dans la mesure où le patient est résolu à maintenir une activité physique régulière après la période de réentraînement (Heppner, 2006).
Après une exacerbation, elle doit être envisagée précocement et améliore l'état clinique du malade (Man, 2004).
Elle est contre-indiquée chez les patients ayant des problèmes orthopédiques ou neurologiques gênant la mobilité ou la participation, chez ceux ayant des co-morbidités mal contrôlées (psychiatrique, cardiaque).
Une simple activité physique régulière peut, déjà, être utile (Garcia-Aymerich, 2006).
Effets secondaires
Ils sont très rares : lésions musculaires ou squelettiques ; bronchospasme induit par l'exercice ; accident cardio-vasculaire bilan cardiaque avant de débuter un programme d'exercice